Interview de Steven Vogel

Si vous ne le connaissez pas encore Steven Vogel est un activiste de la street culture depuis déjà pas mal d’années. Journaliste, conseiller pour  des grandes marques, écrivain, ancien responsable des Bread & Butter ce garçon a déja un long cv. Rencontre avec lui pour discuter de son nouveau livre STREETWEAR publié aux éditions Thames & Hudson qui ont à leur actif, entre autres, le livre de U-dox : Sneakers, the complete collector’s guide.

Original English interview at the end !

AC :Raconte nous un peu qui tu es ? Et pourquoi avoir écrit à propos du streetwear ?


Steven
 : Je suis un peu touche à tout, j’ai commencé à bosser étant un jeune et lors de mes études dans des skate shops, des bars, clubs. Après cela j’ai bossé dans le commerce pendant une période, appris ce qu’il fallait y apprendre et puis je m’y suis à travailler dans l’édition. J ‘ ai été rédacteur d’un magazine pendant quelques années, je me suis occupé d’expositions à Barcelone et Berlin (ndlr : Il s’est occupé du Bread & Butter, grand salon de la monde européen) et j’ai également participé à la rédaction de bouquins autour du skate. Depuis l’an dernier je travaille pour Burton Snowboards pour lesquels je suis en charge de tous les projets spéciaux. Plus personnellement, je suis skateur et musicien. J’ai écrit ce livre car je le sentais comme ça puis sur le coup je me suis dit c’est un truc qui perdure depuis 15 ans pourquoi pas écrire quelque chose dessus. C’est très satisfaisant d’une manière personnelle de rédiger des livres c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup.

AC : Est ce qu’il a été difficile de savoir sur quoi débuter ? C’est un vaste sujet, le premier livre d’ailleurs qui l’aborde…

Steven :Bizarrement ce fut plutôt facile parce que le sujet est vague, immense et je n’avais pas vraiment de concept à la base. Le tout s’est matérialisé quand je me suis vraiment penché dessus même si cela n’a pas toujours été simple cela vaut coup.

AC : Quelle partie du streetwear abordes tu ? Celle liée au Hip Hop ou plutôt au skate car il y a beaucoup de scènes ? Ou penses tu qu’elles fonctionnent toutes de la même façon ?

Steven : Disons que je parle de toute et d’aucune si tu captes bien. Je déteste les définitions et je pense que cette sous-culture est devenu putain de morose car ses acteurs sont plus préoccupés par leur positionnement que par le fait de produire de bons produits.  Je pense que les aspects les plus importants, un bon produit, de la créativité et le fait de délirer se sont perdu dans ce marketing un peu pourri. C’est aussi un livre assez personnel qui représente mon point de vue et celui de ceux qui m’ont aidé. Ce n’est pas une bible ni un guide, c’est un rassemblement d’histoires et d’interviews.

AC : As tu essayé de définir un lifestyle mondial, une sorte de convergence ? Il semblerait que le streetwear dépende des pays… comment as-tu géré cet aspect ? T’étais tu surtout penché sur le cas américain ?

Steven : Non il n’y a pas d’attention portée sur une région en particulier. Bien évidemment, et cela à cause de l’origine même du streetwear il y a plus de marques américaines qu’européennes mais j’ai essayé de choisir les marques qui avaient, selon moi, participé de manière positive à tout ce mouvement. Je n’ai surtout pas essayé de résumer quoi que ce soit, comme je te l’ai dit, les définitions c’est pas mon truc.

AC : Que penses tu de la façon dont les marques de sneakers visent  les cultures urbaines ?

Steven : Disons qu’elles ont toujours eu un rôle important a joué, tu trouves pas ? Je ne suis pas ce qu’on peut appeler un sneaker freak, j’aime les sneakers, j’aime les porter mais je ne suis pas un véritable collectionneur

AC : On parle de streetwear mais ne penses tu pas que les choses ont changé et qu’il y a désormais plusieurs niveaux (en rapport avec des produits de plus en plus chers) ?Est ce que l’on peut encore parler de streetwear ?

Steven : Les choses changent toujours et je pense que tout ceci serait ennuyeux si cela n’était pas le cas. Après tout dépend ce que chacun entend par streetwear, je ne considère pas que ce je porte tous les jours est street, je veux dire qu’y a-t-il de street à porter un Levi’s et une chemise mais tout le monde pense que c’est street. Encore une fois, c’est une question de point de vue.

Pour résumé, ce livre n’est pas un guide ni un historique de la scène streetwear. C’est juste un échange de points de vue entre différents acteurs de cette scène et la présentation de quelques marques clés. Je n’ai pas eu le livre en main mais je regrette un peu le fait que tout traite d’une seule scène car il y a mon sens différents types de streetwear et surtout différentes approches selon les pays. La scène européenne ne ressemble pas à l’américaine ni à l’asiatique et réciproquement. L’émergence du web pourrait faire penser à une uniformisation mais celle-ci, encore une fois selon mon point de vue donc peut être mon erreur, est très minime et touche seulement une niche. Comme l’a rappelé très justement Steven, ce livre est très personnel, le but n’était pas d’apporter des réponses ni de cataloguer mais seulement de partager un point de vue. Sa démarche est très légitime et appréciable et quand on voit ce que cette personne a accompli jusqu’à présent son livre sera sans nul doute plus que très intéressant. Merci à lui de nous avoir consacré un peu de son temps !

Interview en anglais :

AC : what is your background ? Why have you written a book about streetwear ?

Steven : My background is all over the place, I started working as a teenager and throughout university at local skate shops, clubs & bars. After that I stayed in retail for a while, learned the trade and then switched over to working in print. I became editor of a magazine for a couple of years, curated some art shows in Barcelona and Berlin and co-edited some coffee table skate art books. I then started working for Burton Snowboards last year and take care of all their special projects for them. So that’s work covered. Personally, I am a skater and a musician.
I wrote this book because I felt like it, it is a subject that has been a part of life for 15 years and more so I thought “why not” and I like writing books, it’s very satisfying on a creative level.

AC : Was it easy to choose how to start ? It is a big issue, first book about this topic…

Steven : Yeah in a weird sort of way it was pretty easy to start because the subject matter was so vague and I really didn’t have a concept at the start of it. It only got hard when I got stuck down into the material but I think it was worth it.

AC : What part of streetwear are you talking about ? Hip hop, skate there are many scenes ? or do you feel they all work the same way ?

Steven : Well, all of them and none of them if that makes sense. I hate definitions and I think a big reason why this sub culture has become so fucking stale is because a lot it’s participants are more concerned about their positioning than making good product, I feel that the most important aspects, good product, creativity and having fun has been lost to shitty marketing. It’s a very personal book, from my point of view as well as from the contributors point of view. It is not a bible. It is not a guide. It is a collection of stories and interviews.

AC: Have you tried to sum up a « world » streetwear lifestyle ? There seems to be different streetwear stuff depending on what countries you are… how did you manage that ? Have you focused on US streetwear mostly ?

Steven : No, there is no focus on region. Obviously, due to the nature and history of this “streetwear” there are more American brands than for example European brands, but I tried to pick those brands whom I thought contribute positively from around the world. I certainly didn’t try to sum up anything, like I said, definitions suck.

AC : What do you feel about the way sneakers brands are targetting the street culture scene ?

Steven : Well, they have always been a big part of it haven’t they? I am not a sneaker freak, I like sneakers and I am happy to wear them, but I won’t geek out about them.

AC : We talk about streetwear but do you feel that things have changed and now there are different levels in the streetwear ? Can we still talk about streetwear ?

Steven : Things always change I think it would be boring if they didn’t. It depends what streetwear means to each one of us, I wouldn’t consider what I wear on a daily basis to be streetwear, I mean what is so street about a pair of Levi’s and a button down shirt, but then everyone else seems to think so. Again, it’s a very personal thing.